"Faire Avec", Exposition photographique.

« Faire Avec »

Pré-texte d’exposition

 

 

 

Deux Rencontres. Deux univers. Une seule matière et la Lumière.

 

Arriver à la performance programmée sans idées préconçues,

 sans même savoir de quoi il retourne.

 

La curiosité.

 

Et être happé, tout à coup, par la lumière jaillissante, sauvage et bruyante ! Découvrir les artistes faire corps de et avec la matière, tenter de la dompter, de lui soutirer des chants mécaniques en tordant ses émotions, et de la faire geindre, empreints  d’une sensualité étrangement ambivalente de regards ardents sur du métal froid et sombre, dans la chaleur des fusions, de rythmes martelés.

 

Dans les volutes éphémères et l’âcre odeur des limailles en gerbes incandescentes, les ferrailles ont regimbé contre les délires du luthier fantasque en s’arc-boutant. On le voit, ce ne fut pas en vain !

Pas en vain non plus que les mains de ces visages burinés ont lacéré les tôles en incisions de lumière éblouissante dans la joute âpre d’une douce violence consentie, étouffée, retenue, juste à sourdre.

Et elles ont refermé ces plaies acérées dans l’incarnat de brasures chirurgicales : la part du feu, le sacrifice nécessaire sur le  chemin de la grâce, pour faire de la dentelle 

au point de fer !

 

Regardez, par procuration nous allons faire « avec ».

 

J’ai rencontré Nes Rivera.

J’ai rencontré Willy Blix.

 

Ce fut pour moi deux immersions photo-sensibles inattendues et

 riches d’émotions visuelles !

 

Cette série d’images parle de ces rencontres réalisées en 2021 à Vic-le-Comte pour l’univers de Nes au centre d’art Le Trempoline et à Sauxillanges pour celui de Willy pour les Jema à la Maison du Pratimoine en 2022.

 

 

 

 

« A 5 ans, j'ai visité avec mes parents le musée de la torture sous l'Inquisition de Santillana Del Mar.

La capacité de l'être humain à faire souffrir autrui m'a à la fois horrifiée et fascinée. J'ai été  effrayée par l'ingéniosité dont l'homme a fait preuve pour développer autant de monstruosité.  Mon travail transcende cette monstruosité par une apparence de douceur qui cache ce que l'humanité peut avoir de violence en elle. Je veux montrer le côté noir de l'humanité, l'expérience humaine de la souffrance, la capacité de l'homme a dissimuler la part d'horreur qu'il enfouit au  plus profond de lui-même, afin de mettre en évidence le passage de l'ombre à la lumière. »

En libérant son geste, Nes  dévoile à travers ses sculptures un univers baroque et poétique. Elle puise dans la force du métal pour  amener le spectateur dans son monde d'arabesques, de courbes et de chaînes. Puissance dans le matériau, fragilité dans les formes aériennes sorties d'un imaginaire complexe. De l’obscurité à la lumière, de la chaîne à la dentelle d’acier…

Un univers baroque, un autre plus ludique, tous deux se rejoignent dans le même objectif, redonner une âme à des éléments industriels oubliés. Jouer sur les apparences, les ombres, la lumière et les contrastes, traiter des matériaux hostiles jusqu'à les guider artistiquement vers une douceur et une légèreté. Sa signature artistique qui s'exprime par l'utilisation  de chaînes de tronçonneuse lui a valu d'être surnommée par la presse la « dentellière de fer ». Ambivalence entre la forme et la matière, subtilité du langage plastique, détournement des matériaux.

« Les questionnements qui m'animent : comment faire preuve de discernement et vivre en société en considérant que chacun peut avoir

une part de monstruosité en lui ?

Quelles sont les limites des comportements extrêmes de l'humanité ?

Comment se détacher de la réalité quotidienne, des illusions de notre perception pour alléger cette souffrance, cesser de dissimuler

cette part sombre de nous-même ?

Comment s'affranchir de ses préjugés et se défier des apparences ?

Comment vivre avec ce côté sombre de l'âme ? Méditer, accepter, nier, se rebeller, renoncer ?  »

 

 

Nes